mercredi 21 août 2013

taxidermie et leçon de chose


Pendant les vacances, le maître a récupéré ce magnifique renard naturalisé qui rejoint donc le musée scolaire de la classe.

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Les animaux naturalisés

A l’origine, l’activité de taxidermie de Deyrolle a une vocation pédagogique, elle accompagne l’enseignement de la zoologie aux étudiants. Mais très vite elle attire aussi les chasseurs venus faire immortaliser trophées et gibiers.
Les animaux naturalisés Deyrolle L’aspect décoratif et esthétique des mammifères et des oiseaux naturalisés a tout de suite connu un bel engouement qui ne s’est jamais démenti depuis. Lions, zèbres, ours et animaux de la ferme sont aujourd’hui loués ou vendus pour des décors de films, des émissions de télévision, des évènements particuliers ou des vitrines et sont très recherchés par les collectionneurs et les amateurs de pièces décoratives hors du commun.
Grands fauves, ours polaires, élans et ours du Canada, autruches, moutons, chèvres, ânes, bisons, buffles vont et viennent au rythme des coups de coeurs de nos clients et de nos opportunités d’achats. Le choix des oiseaux est grand et nous avons toujours au moins une centaine de pièces en vitrine. Les animaux proviennent des collections anciennes de Deyrolle ou ont été naturalisés plus récemment par des taxidermistes de renom à partir d’animaux provenant de réserves zoologiques, de cirques ou d’élevages pour les oiseaux. La Convention de Washington, qui veille à ce que le commerce international des animaux ne menace pas la survie des espèces, est scrupuleusement respectée dans nos choix.
 
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 Une très jolie page, lue sur le blog de Ciloubidouille qui nous fait découvrir Louis De Torhout et son œuvre de cire.

"Parfois je me dis que ma vie n’est qu’une course contre le temps. J’essaye de caser un max de choses dans tous les espaces de liberté dont je dispose. Au quotidien, c’est fatiguant, parfois même ça me fait râler (dans mon délire nombriliste du « c’est-moi-qui-fais-toujours-tout-et-personne-ne-m’aide »…) mais dès que je me retourne et que je vois ce qui s’est finalement accompli, alors je suis heureuse. Que j’avance seule ou accompagnée, j’avance. Cette impression m’est essentielle. Et ma vie se colore de tous ces souvenirs que je me forge. La semaine dernière, par exemple, au milieu d’un planning très chargé, j’ai réussi à me rendre dans la célèbre boutique Deyrolle pour y rencontrer Louis de Torhout. Cet artiste singulier m’a fait don d’une partie de son temps à lui, tout aussi précieux, pour répondre à mes questions et à ma grande curiosité. J’ai adoré cette calme parenthèse dans ma vie un peu trop rythmée de ces derniers mois.
C’est donc avec un très grand plaisir que je vais vous retracer ici tout ce que j’ai retenu de ce formidable échange !


Un petit mot déjà sur la maison Deyrolle qui accueille jusqu’au 8 juin 2012 l’exposition de Louis de Torhout. Vous la connaissez sans doute déjà, et si ce n’est pas le cas, elle évoquera au moins un petit air de déjà-vu. Cette boutique est le plus célèbre cabinet de curiosités de Paris. Tous les passionnés de taxidermie et d’entomologie s’y pressent pour admirer leur époustouflante collection d’animaux empaillés, d’insectes naturalisés ou de coquillages. Particulièrement en ce moment d’ailleurs, car cet intérêt revient à la mode parait-il !

Tous ceux qui emmènent leurs enfants à la grande galerie seraient également bien inspirés de les faire franchir la porte de Deyrolle. Là-bas, vous pouvez contempler un tigre comme si vous étiez à ses côtés. Dans l’espace plutôt confiné de la boutique, on croise sans se poser de question un buffle, une girafe, un lynx, des poules, des lapins, des sangliers, des chauves-souris… Ce bestiaire improbable est à portée de main, on a envie de passer ses doigts dans la fourrure des animaux, de leur grattouiller le menton (c’est interdit, bien entendu). Paradis des enfants, étonnement des parents, chez Deyrolle, on est plongés dans une ambiance unique qui nous transporte. Et cela, qu’on aime ou pas la taxidermie… Tout ceci est véritablement intrigant, fascinant, presque grisant de réalisme.

Leur collection de papillons est féerique. Moi qui ne roule pas pour le morbide, je reconnais avoir été charmée par cette accumulation désuète, par ces couleurs magnifiques…

Pareil pour leurs vitrines d’insectes. Un scarabée, c’est quand même une bête étrange et fantastique. Les voir catalogués par taille, par teinte, par famille force le respect de l’animal. Et prête à une foule d’observations méticuleuses. On admire la courbure des cornes, on s’interroge sur le pourquoi des poils sur les extrémités et on frissonne d’inquiétude en imaginant rencontrer un tel animal s’il lui venait l’idée saugrenue de grandir autant que nous… Brrrrr… Les enfants devraient savourer autant que moi.

Au milieu de tous ces animaux, j’ai eu la chance de croiser quelques légumes. Mais pas n’importe lesquels. Ceux que Louis de Torhout fabrique. Dès l’entrée de l’exposition, Louis parodie Magritte pour mieux annoncer son propre travail : « Ceci n’est pas une pomme ».

Et de fait, toute la magie est là. Ceux-ci ne sont pas des concombres, des tomates, des potirons, des pommes de terre, des abricots…  Ces légumes sont fabriqués en cire. Au musée Grévin on accueille en fanfare les stars éphémères de la saison. Chez Deyrolle, Louis de Torhout a décidé d’éternaliser (oui, j’ai le droit d’inventer des verbes…) des sujets bien plus primordiaux : les fruits, les légumes, les champignons qui nourrissent ceux que nous sommes.

Ce « bestiaire » botanique est tout simplement bluffant. Magritte avait tord. Ceci est bien une tomate ! Une tomate en cire, tout simplement. Je ne pense pas hélas que mes talents de photographes rendent justice à la vraisemblance du travail de Louis, mais croyez-moi, on ne peut même pas parler de ressemblance, ce serait encore faire un affront à la précision de son travail. Il y a des tas de véritables légumes qui font bien plus faux que ceux réalisés par cet artiste. Bluffant.

Je lui ai posé plein de questions forcément ! La première, essentielle à mes yeux bien que complètement anecdotique : comment se lève-t-on un matin en se disant : tiens, je vais sculpter des légumes en cire qui seront comme des vrais ?
Sa réponse est déjà pleine de bons sens. Avant de se lancer dans cette carrière d’artiste, Louis de Torhout avait un vrai métier (comprendre de ceux qui rassurent les mamans). Il travaillait (je schématise) au muséum national d’histoire naturelle. Il était chargé, notamment, de rassembler les éléments des collections pour les expositions en cours. Il devait dénicher les perles rares qui donneraient du sens et de la consistance aux exhibitions. Quand il a fallu rassembler, un beau matin, des cires botaniques (très en vogue au 18ème siècle), il s’est rendu compte de plusieurs choses :
- La fabrication d’objets en cire remonte à loin dans l’histoire de l’humanité. Les plus vieux travaux retrouvés proviennent de l’Égypte ancienne et représentent des figurines de femmes (si ma mémoire est bonne).
- Si la cire se conserve exceptionnellement bien, l’homme lui ne souhaite pas forcément tout collectionner. Louis a visiblement eu beaucoup de mal à retrouver des sculptures, détruites, abîmées ou disséminées dans des tas d’endroits improbables.
- La technique, pourtant millénaire, n’a jamais été transcrite ni transmise. Impossible de mettre la main sur un ouvrage expliquant le travail de la cire.

Alors un soir effectivement, Louis est rentré chez lui avec un paquet de cire, il s’est lancé dans la réalisation d’un fruit. Sans parvenir à la qualité des œuvres qu’il crée actuellement, cette activité lui a semblé à sa portée, et je ne parle évidemment pas de l’aspect ludique de la démarche. Une passion était lancée.

Au fil du temps, il s’est amélioré, en expérimentant plusieurs techniques, en testant des produits différents, des cires comme des vernis. Il s’est perfectionné en moulage… La technique oubliée a refait surface grâce à ses tâtonnements. Et des années plus tard, ce sont désormais les musées qui font appel à lui ! Ainsi d’ailleurs que les publicitaires qui ont besoin de fruits éternellement frais et magnifiques lors de leurs séances photos pour vendre des shampoings, des produits alimentaires, des crèmes de beauté…
Mais on les comprend… Regardez cet abricot ! Tout semble si réel. On pourrait se laisser aller à croquer dedans. Mais nos dents ne rencontreraient que de la cire ! Même pour le noyau…

Ma mère, qui a vu elle-aussi l’exposition, m’a dit : « s’il laisse un tel choux-fleur sur la table de ma cuisine, dans les 10 minutes qui suivent, il se trouve en gratin » !

Regardez cette précision, cette netteté, ce réalisme ! Tout est fait à la main, du moulage à la peinture, en passant par le modelage.

De telles sculptures dureront des siècles. Louis de Torhout ne cryogénise pas les légumes sur lesquels il travaille, il ne les momifie pas non plus, aucune trace de formol… Il est « juste » parvenu à les fossiliser dans un état de fraicheur éternelle !

Prenons un exemple précis. Cette tomate, si parfaite, ne provient pas de ma cuisine mais de l’atelier de Louis. Il a d’abord pris un fruit véritable, il l’a moulé en plusieurs fois jusqu’à atteindre le degré de finesse qu’il souhaitait. Ensuite, il a rempli son moule de cire (de la cire blanche, fabriquée uniquement pour lui ou presque) et à l’aide d’outils en buis (surtout pas de métal), il a fini le travail de sculpture, révélant les défauts parfaits de la nature. Enfin, sont arrivées les étapes de peinture et de vernissage. Quant à la queue végétale, il s’agit de celle d’origine, car il est impossible de travailler la cire sur une si fine épaisseur. Elle a simplement été naturalisée par Louis, selon une formule secrète. En d’autres termes, elle conserve sa souplesse et sa fragilité, mais ne se flétrira plus jamais !
Ainsi, la tomate est née pour une seconde fois.

Louis est capable de tout reproduire. Je n’ai pas les photos de ses champignons, qui ont tous été vendus, mais j’ai eu la chance d’en observer un dans d’autres circonstances et je peux vous dire que c’est extraordinaire ! Il y a tout ce qu’un botaniste adorerait étudier : la terre, les morsures des insectes, les fines lamelles, la grâce et la fragilité !

Chose extraordinaire, quand on tient en main les œuvres de Louis, elles sont solides. Oh, bien sûr, si on les lance par terre, elles peuvent se casser. Mais si on est normalement précautionneux, on peut manipuler sans aucun souci n’importe quelle création de l’artiste.

Un des intérêts majeurs du travail de Louis, en dehors des prouesses techniques et de son talent artistique, c’est l’aspect scientifique. A la manière des tableaux de leçons de choses, il peut reproduire et regrouper des familles de citrons, de radis, de pommes de terre… Des fruits en voie de disparition, des fruits déjà disparus…

Et plus le fruit est étrange, plus le travail est impressionnant (même si Louis m’a glissé en coulisse que finalement reproduire une poire lisse était souvent un challenge bien plus grand) !

Possible, mais pour le profane, ces circonvolutions naturelles reproduites à la perfection sont un réel étonnement !

Regardez ce gingembre… c’est fou non ?

Toutes ses œuvres sont mises en valeur sur un grand carré noir, également fait en cire noire. Et croyez-moi, c’est magnifique !

L’ours de la Galerie Deyrolle est d’accord avec moi. On vous présente nos trois chouchous : le poivron, l’avocat et le citron coupé en deux… Même qu’un jour, je m’offrirai l’avocat !



Si vous avez d’ailleurs envie d’offrir ou de vous offrir une des cires botaniques de Louis de Torhout, sachez bien sûr que ce n’est pas gratuit, comme n’importe quelle œuvre d’art. Mais que ça reste finalement bien plus accessible qu’une peinture de je ne sais quel artiste à la mode ^^ ! Comptez au minimum 500€ (sachant que Louis accepte parfois les projets personnels des particuliers, donc si votre grand-père est féru de tel champignon et qu’un anniversaire important arrive, il est possible de lui demander qu’il le reproduise). C’est forcément beaucoup d’argent pour des tas de gens, mais sachez que vous achetez une œuvre d’art, une pièce unique dont la valeur n’est pas surfaite ! Après, si vous commandez une pastèque, ça risque d’être plus cher :D .

Je termine en vous présentant Louis De Torhout him-self, petit prince aux yeux rieurs, devant une collection d’énormes citrons. Un grand merci pour la gentillesse de ton accueil (un petit coucou au passage à ta femme). J’espère qu’on pourra organiser cet atelier « fabrique ta pomme » un de ces quatre ! Ça me tente beaucoup ! (Oui, je reconnais avoir un chouille réclamé de manière absolument pas subtile la possibilité de bidouiller un fruit en cire… J’ai un peu honte mais pas tant que ça :D ).


Voilà, j’espère que le récit de cet entretien vous a plu. Et surtout j’espère que vous aurez l’envie de découvrir à votre tour le travail de ce monsieur.
L’éternel est son métier. Et il le fait divinement bien :) .