vendredi 12 juillet 2013

Que savent les enfants de la maltraitance animale ?

Sur Le Point.fr, un article de Natalia BOURGUIGNON >>>
Cliquez sur le lien ci-dessus pour voir la vidéo sous-titrée en français et lire l'article en entier.

Le petit Luiz Antônio est encore un bambin, mais il sait déjà très bien ce qu'il veut. Et surtout ce qu'il ne veut pas. Dans une vidéo sur Internet qui a fait le tour du monde, sa mère essaye de lui faire manger du poulpe, mais il refuse catégoriquement, résumant en quelques mots les arguments moraux en faveur du végétarisme...

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Sur AgoraVox, un article de Jérôme H. >>>>

Maltraitance animale, quand l’ignorance tue

La condition des animaux dans notre société est effrayante. Chaque jour, l'homme exploite torture et tue plusieurs millions d'animaux dans les domaines de l'agro-alimentaire, le spectacle, la mode, la science ou les cosmétiques ...


VENEZ DONC A L'INTERIEUR

Qui imagine la somme de souffrances qui entoure une simple tranche de jambon ? Castrés sans anesthésie à quelques semaines de leur naissance, la plupart des porcelets ont également la queue coupée et les dents meulées. S'ils ne meurent pas précocement de blessures ou d'"euthanasie maison", ils passent le reste de leur vie dans des enclos si petits qu'ils ne peuvent presque pas bouger. Entre inséminations artificielles répétitives et allaitement à travers l'enclos, ils grattent le sol ou mordent les barreaux, vainement, obstinément ...

Les autres animaux d'élevage ne sont pas mieux traités. Dans la filière oeufs, les poussins mâles, inutiles, sont broyés vivants, tandis que les femelles ont le bec coupé (ou brûlé) pour être placées en groupes dans de minuscules cages. Quand les gestes ne sont pas stéréotypés, ils sont agressifs ; les poules se blessent, se mangent entre elles ... Les poulets de chair ne sont eux pas en cages ... mais leur surpopulation (une vingtaine de poulet par mètre carré) engendre les mêmes horreurs : piétinement, blessures et agonie... Le retard de croissance des os par rapport aux muscles engendre de douloureuses déformations, voire des paralysies. Et puisque les excréments ne sont pas évacués, ils vivent constamment dans un milieu humide, fortement chargé en ammoniac. Certains poulets qui ne peuvent pas se déplacer jusqu'aux mangeoires meurent de faim ou de soif, d'autres meurent d'insuffisances pulmonaires ou cardiaques ...
Dans la filière "foie gras" ce sont les femelles qui sont broyées, tandis que les mâles sont placés dans des cages individuelles où ils ne peuvent ni se retourner ni étendre leurs ailes. Gavés deux fois par jour à l'aide d'un tuyau enfoncé dans l'oesophage (et qui le leur perfore quelquefois), ils se mettent alors à suffoquer. Leur foie hypertrophié atteindra environ dix fois son volume initial... Faut voir le bon côté des choses, c'est quand même au nom de la culture que la loi autorise ces sévices. On devait certainement baigner dans la contre-culture lorsque enfants, nous nous émerveillions à la lecture d'histoires d'animaux libres et entourés de leurs petits.
Une vache est naturellement si douce qu'elle peut se laisser traire paisiblement ; elle est si maternelle qu'elle peut aussi meugler pendant deux jours la perte de son petit. C'est donc un stress énorme qu'elle subit à chaque mise à bas. D'inséminations artificielles en inséminations artificielles, il faut produire toujours plus de veaux, obtenir toujours plus de lait. Les traites continuelles engendrent alors souvent une inflammation des trayons tandis que la mamelle se déforme tellement sous le poids du lait qu'elle peut finir par éclater ... Loin de leurs mères, les petits veaux seront certainement écornés et castrés à vif.

Si l'abattage rituel est plus médiatisé, ce n'est peut-être pas pour les beaux yeux de la vache ... Quoi qu'il en soit, c’est bien sûr une atrocité. Pleinement conscients quand ils sont égorgés, les animaux peuvent ensuite agoniser d'interminables minutes. Dans la Bible hébraïque ou dans le Coran, rien ne semble pourtant encourager cela. La bible hébraïque décrit un idéal de végétarisme : à l'origine, les hommes étaient interdits de manger des animaux et ce n'est qu'après le déluge, en constatant leurs faiblesses, que dieu les y a autorisé. Certains textes précisent la façon de tuer l'animal pour qu'il ne souffre pas, la compassion qu'il faut avoir envers tous les animaux. Dans l'Islam, les Soufistes mettent en avant la compassion de Mahomet envers les animaux pour prôner le végétarisme. Quoi qu'il en soit, la spiritualité du rituel qui existait à une époque ou la viande était rare et précieuse perd certainement tout son sens dans l'enfer des abattoirs.


THE HORROR SHOW MUST GO ON

"Si les abattoirs avaient des vitres, tout le monde deviendrait végétarien" titrait une célèbre vidéo dénonçant l'horreur des abattoirs. Pas sûr, si l'on constate le succès de la souffrance érigée en spectacle dans les cirques et autres delphinariums. L'être humain est peut être la seule espèce au monde capable de tirer du plaisir du malheur d'autres espèces. Si l'enfant peut trouver magique la complicité entre l'animal et son dompteur, ses parents ne peuvent eux en ignorer les raisons tragiques : privation et violence. Pour traverser des cerceaux en feux, s'asseoir sur des tabourets ou taper des mains, les animaux sont battus, brûlés, piqués, privés d'eau ou de nourriture. Ca alors ! "Et l'animal il est où maintenant ?" - Il est parti se reposer mon chéri ! C'est en fait dans de minuscules cages ou bassins que fauves, éléphants ou orques endureront stress et dépression... Et puisque notre société aime l'image et le sensationnel, évoquons celle, maintes fois décrite, d'éléphants qui pleurent (au sens propre) de détresse ou de douleur. Il faut bien amuser les enfants, me direz-vous ... certes, il faut aussi respecter les traditions ...

Dans les corridas, les taureaux sont généralement si combatifs qu'on en oublierait presque d'en avoir de la peine pour eux. Il s'agit d'un combat loyal entre l'homme et l'animal paraît-il . Avant le spectacle, il s'agit plutôt d'affaiblir ce dernier (pour moins de danger) tout en l'excitant (pour plus de spectacle). L'association est subtile : sacs lourds lachés sur les reins, cornes limées, vaseline dans les yeux pour brouiller la vue, coton dans les narines pour gêner sa respiration, essence de térébentine sur les pattes pour qu'il s'agite, aiguilles dans les testicules pour l'empêcher de se coucher. La suite on la connaît mieux : piques, banderilles et enfin épée pour une mise à mort qu'il faut parfois recommencer plusieurs fois quand c'est un autre organe que le coeur qui a été transpercé. Le cheval domestique n'échappe pas à la tragédie. Avec des oeillères et les oreilles bouchées, il n'obéit ainsi qu'aux ordres du cavalier et non à ses propres sens qui le feraient certainement prendre la fuite en paniquant. Les accidents ne manquant plus ou, éventré, le cheval traîne ses intestins derrière lui. Et comme ses cris ne font pas partie du spectacle, ses cordes vocales sont généralement sectionnées au préalable ...


LA MORT VOUS VA SI BIEN

 "Je n'irai jamais voir une corrida" disent ceux qui réfutent le spectacle de la souffrance. Ils en sont malheureusement quelques fois les acteurs. Au 21ème siècle, alors que d'innombrables matières textiles ont été inventées, alors que tant de marques proposent des vêtements en tout genre, comment peut-on encore porter de la fourrure ? Il y a une dizaine d'années, la société semblait pourtant avoir adhéré à cette idée. Les quelques mannequins qui portaient de la fourrure étaient alors montrés du doigt. Malheureusement, le slogan "better get naked than wear für" a été remplacé par "the für is back". Cette mode cruelle fait aujourd'hui son retour en force, la compassion des masses pour les visons est belle est bien finie. Ces magnifiques petites bêtes sont emprisonnées dans de minuscules cages où elles font des allers-retours frénétiques, s'automutilent à cause du stress. Mais il n'y a pas que les fermes d'élevage. La fourrure, c'est aussi des animaux domestiques qui disparaissent, des faux étiquetages (la vrai fourrure coûte parfois moins cher que la fausse), les pièges sauvages et les douloureuses heures de souffrances associées, les animaux tabassés, électrocutés ou dépecés vivants pouvant ainsi agoniser plus de 10 minutes...


"C'est vrai la fourrure c'est terrible". Peu imaginent que la production de laine soit tout aussi affreuse. En Australie, premier producteur mondial, on trouve beaucoup de moutons mérinos dont la particularité est d'avoir une peau très plissée et donc d'offrir plus de laine. A cause de ce surplus, la région autours de la queue reste toujours humide (l'urine y est retenue), ce qui en fait le terrain idéal pour les insectes qui viennent pondre leurs larves. Les moutons peuvent ainsi mourir à petits feux à moins ... qu'on ne vienne leur découper des morceaux de peau (mulesing), opération à vif très douloureuse. Des moutons meurent précocement de chaud à cause du surplus de laine, de froid à cause de la tonte prématurée tandis que les plus vieux sont embarqués vers le Moyen-Orient ou l'Afrique du Nord. Les traversées durent des semaines dans des conditions souvent abominables. Certains y meurent de maladies, de faim, de soif, de piétinement ou d'étouffement. Quant aux survivants à l'arrivée, ils finiront certainement égorgés ...

Un mot enfin sur la production de cuir, qui, si elle n'innove pas en terme de souffrance animale rejoint la cause humaine et écologique. Les tanneries utilisent de nombreux composés toxiques qui sont ensuite rejetés dans les cours d'eau avoisinants. Au Bengladesh, les enfants barbotent ainsi dans des rivières fortement polluées. Quant aux ouvriers tanneurs, la grande majorité n'atteindra pas 50 ans...


SCIENCE SANS CONSCIENCE RUINE AUSSI LES ANIMAUX

S'il est un domaine qui semble bénéficier de la bienveillance générale, c'est peut être celui des sciences. A l'image du Professeur Tournesol, nous nous représentons souvent le savant comme un vieux monsieur un peu distrait et excentrique, mais toujours bienfaisant. Claude Bernard, le père de la vivisection, mettait lui des animaux vivants dans des fours. Aujourd'hui, c'est toujours au nom du progrès scientifique que l'on justifie les pires horreurs. Et il faudrait certaines fois expliquer de quel progrès scientifique il s'agit ... Des expériences sur une plaque brûlante de souris qui sautent en se léchant les pattes ou d'une maman singe qui trouve la force désespérée de porter son bébé à bout de bras, on ne peut que constater la cruauté sans limite de l'espèce humaine ; on peut ensuite ressentir la honte d'appartenir à une espèce qui, au XXIème siècle, n'a pas encore mis fin à la folie de considérer des êtres vivants innervés comme de simples objets.
A en croire les scientifiques, le primate est très intéressant car disposant d'un patrimoine génétique très proche de l'humain. En l'utilisant lors de crash tests de voitures, en lui cousant les yeux pour observer son comportement ou en le privant d'oxygène ou de sommeil pour étudier agressivité, anxiété et folie, il est donc la fois proche cousin et objet de tests cruels. Allez comprendre... D'autres expériences neurologiques incluent des ablations de nerfs ou de parties cérébrales, des noyades forcées, des décharges électriques ... Vous aurez aussi compris l'intérêt de se passer d'anesthésiques dans ce type d'expériences.
Les boites de contentions et autres appareils stéréotaxiques ne sont d'ailleurs pas sans rappeler les instruments de tortures du moyen-âge. N'oublions d'ailleurs pas que cette cruauté s'appliquait encore à des humains il n'y a pas si longtemps, dans l'Allemagne nazie ou le Japon showa. Si le fait de torturer pour la foi ou la race est désormais considéré comme abject aux yeux de notre société, il est toujours beaucoup facile de s'attaquer au passé qu'au présent. La justification scientifique de l'horreur s'intègre peut être mal dans la conscience profonde de chacun, il n'en demeure pas moins que beaucoup de gens ne savent pas ou ne veulent pas savoir. "C'est dans l'absence de pensée que s'inscrit le mal" disait Hannah Arendt .... Un mal qui se généralise vite ...


LES GRANDS PROGRES COSMETIQUES

Comment séparer aujourd'hui la recherche scientifique du reste, tant il est vrai que bon nombre de laboratoires de recherche prennent les financements là où ils les trouvent. Dans l'industrie pharmaceutique, agro-alimentaire, tabacologique ou cosmétique, la législation impose souvent de tester sur les animaux chaque nouveau produit commercialisé. Les entreprises se couvrent ainsi en cas de problèmes. Notre économie est basée sur la consommation incessante de nouveaux produits. Il suffit simplement d'entrer dans une parapharmacie (certaines sont de vrais supermarchés avec chariot) pour imaginer le nombre et la diversité des tests possibles. Citons pour exemple des beagles qui sont forcés à fumer grâce à des inhalateurs maintenus de force, des lapins dont les yeux sont littéralement brûlés par des produits cosmétiques, des rongeurs enduits de crème solaire, ligotés et placés sous des lampes où leur peau finira brûler, des chiens mis dans des états de carences graves pour tester des produits amincissants. On va même jusqu'à tester la toxicité de produits domestiques : encres, peintures, lubrifiants, détergents, pesticides...
Un indicateur est bien connu des expérimentateurs sur animaux, la dose létale 50 (ou médiane). C'est la dose qui tue 50 % de la population d'animaux pour une expérience donnée. On peut imaginer l'état des survivants... Des voix s'élèvent pour dire que le modèle animal est souvent mauvais. L'aspirine, la péniciline, l'insuline, ou la morphine par exemple provoquent des réactions différentes, voire opposées selon les espèces testées. Quelques chercheurs vont jusqu'à dire que l'on peut prouver tout ce que l'on veut, il suffit de trouver le bon modèle. Des techniques alternatives sont aujourd'hui proposées (in vitro, ex vivo, simulateurs et modélisation par ordinateur ...) et la règlementation évolue très lentement (les produits cosmétiques ne devraient plus être testés sur les animaux). Une chose est sûre, dans la recherche comme ailleurs, la souffrance animale ne s'arrêtera pas de sitôt.


DES MILLIONS D'ANIMAUX, ET MOI, ET MOI, ET MOI ...

A une telle échelle, la souffrance animale est presque une abstraction tant il devient difficile de se la représenter. On peut alors ignorer de telles abominations, on peut aussi les considérer puis vite les oublier. Les grands médias nous facilitent d'ailleurs la tâche puisque ce genre d'informations n'est que très peu relayé. Quand on communique sur ce sujet, les deux arguments qui reviennent le plus souvent sont peut être "C'est comme ça on n'y peut rien" et "Il y a des causes plus importantes, occupons nous d'abord des humains". Sauf que ce n'est pas valable dans les deux cas. Premièrement parce qu'une société n'est jamais constituée que de l'ensemble de ses individus et que chacun par sa consommation a un rôle à jouer ; comme le dit le slogan "Si vous arrêtez d'acheter, on arrête de tuer". Ensuite parce que ceux qui disent "il faut s'occuper d'abord des humains" sont généralement destabilisés quand on leur demande "Dites nous ce que vous faites pour eux". Se préoccuper des animaux ce n'est pas faire du mal aux humains, ce serait même plutôt l'inverse.
On peut toujours se persuader que l'on a pas assez de temps ou que cela coûte trop cher alors même que l'on passe sa vie devant la télé, sur les réseaux sociaux, avec son iphone ou un autre appareil dernier cri. Il s'agit plutôt d'une question de priorités ; celui qui veut aura toujours un prétexte et celui qui ne veut pas toujours une excuse. De l'observation des étiquettes et labels jusqu'au mode de vie végan en passant par une consommation modérée et plus éthique, nous pouvons tous agir pour rendre ce monde meilleur. Se vêtir de matières synthétiques en bannissant fourrure, laine et cuir, privilégier une alimentation végétale en s'interdisant tout ce qui provient de l'industrie d'élevage, ne pas aller dans les cirques ou les zoos, acheter des produits non testés sur les animaux et si possibles naturels, voilà ce que nous pouvons faire.
Rassurez-vous, on mange et on vit très bien sans faire souffrir les animaux. Les quelques efforts (surtout au début) de consommation alternative sont récompensés par un confort de conscience et par une meilleure santé sur le long terme. Il faut cependant admettre que la cause animale est un courant minoritaire et qu'il est toujours un peu coûteux d'aller à l'encontre de la pensée dominante. Faire comme tout le monde est sans doute plus rassurant que de penser ou consommer différemment, ce qui peut être vu comme une forme de désocialisation. Selon les philosophes, notre comportement se place entre deux limites, le déterminisme et le libre arbitre. Le déterminisme nous amène à faire ce que les autres (société, parents, chefs) attendent de nous tandis que le libre arbitre consiste à agir selon notre propre jugement. Il n'est pas difficile d'imaginer globalement de quel côté penche le curseur chez la plupart des gens. Le psychologue Solomon Asch a montré qu'environ un tiers des personnes étaient capable de nier l'évidence (différence de longueurs entre des bouts de bois) pour se conformer à la pensée du plus grand nombre. A notre époque, celle-ci est bien évidemment guidée par les médias de masses.
Mais après avoir été ignorés, les végétariens végétaliens et végans sont maintenant moqués jusque dans des émissions télés dédiées à ce sujet. C'est le signe d'une évolution des mentalités. Et quand on regarde historiquement la très lente évolution de la condition humaine, on peut penser qu'on est en avance sur notre temps.

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Si les murs des abattoirs étaient en verre ... >>>