Afin de favoriser l'apprentissage, il serait
opportun que les jeunes enfants désireux de dormir l'après-midi puissent
le faire, ce qui n'est plus le cas dès la moyenne section de
maternelle.
Ils montrent en effet que la sieste est favorable en termes d'apprentissage aux enfants qui ressentent encore le besoin de dormir tous les jours et qui ont la possibilité de se coucher. S'ils sont empêchés de dormir, ils perdent alors certaines aptitudes. Les enfants qui ne ressentent plus le besoin de dormir dans la journée, ou que de façon épisodique, ne sont en revanche pas affectés par l'absence de sieste.
«C'est une étude bien ficelée», complimente Claude Gronfier, docteur en neurosciences et spécialiste des rythmes biologiques à l'Inserm. Pour aboutir à ces conclusions, les scientifiques ont testé les enfants sur leur mémoire déclarative («hier je suis allée me promener») et visuo-spatiale («j'ai rangé mes chaussures dans le bas du placard»).
Ils ont utilisé un jeu bien connu des jeunes: le Memory. Des cartes sur lesquelles sont dessinés des objets sont retournées. Sur la base d'un indice, les enfants doivent retrouver l'emplacement de la carte et le retenir. Pour les enfants de moins de 4 ans il y avait neuf cartes, ceux de plus de 4 ans devaient en mémoriser douze. Au cours de la matinée, le jeu a été répété jusqu'à ce que chaque enfant atteigne une précision de mémoire de 75 %. Dans l'après-midi, certains ont pu faire leur sieste normalement, alors que d'autres en ont été empêchés. C'est alors que les chercheurs ont pu faire la différence: ceux qui avaient été empêchés de dormir étaient soudain beaucoup moins performants au jeu du Memory.
Partant de l'idée qu'une bonne nuit de sommeil peut rattraper la fatigue de l'après-midi, les scientifiques ont réitéré l'exercice le lendemain matin, «mais cela n'a rien changé», confirme Claude Gronfier, «le sommeil nocturne ne compense pas» les déficits du jour précédent.
L'étude est particulièrement intéressante pour un pays comme la France où les enfants scolarisés en classe maternelle ne font la sieste que la première année, en petite section. Ils ne dorment plus ni en moyenne section ni a fortiori en grande section, même si certains en éprouvent encore le besoin. D'autant qu'il peut y avoir de grandes différences d'âge et de maturité physique lorsque sont réunis dans une même classe des petits nés en janvier et d'autres nés en décembre. «Ce serait très important que l'on réfléchisse à ces questions, estime Claude Gronfier, cette étude montre en effet que des enfants ont besoin de dormir dans la journée pour stocker des informations dans leur mémoire.»
Pour le chronobiologiste, il est urgent que l'on s'inquiète de ces jeunes enfants «qui vivent à partir de 4 ans sur le même rythme que ceux qui en ont 11». D'autant «qu'il suffirait de gérer les classes un peu différemment. Certaines écoles disposent de bibliothèques ou de salles de musique qui pourraient servir à ces “temps calmes”, les enfants choisissant de dormir ou non en fonction de leurs besoins et non plus de contraintes extérieures», estime encore le chercheur. La sieste n'est pas du temps perdu, comme on a un peu trop facilement tendance à le penser dans nos sociétés.
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